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Ces excellentes personnes eurent constamment pour moi les égards les plus marqués ; et jamais les plus petites allusions de leur part, au culte que je professais, n’a blessé ma susceptibilité de catholique.

J’aurais été très-sensible à la moindre raillerie dirigée contre le catholicisme, car même pendant mes années de tiédeur, oserais-je dire d’incrédulité, je n’aurais jamais souffert patiemment une insulte au culte de mes aïeux et à la religion dans laquelle j’avais été élevé ; j’ai toujours respecté les convictions religieuses d’autrui, et j’ai exigé les mêmes égards pour les miennes. Mais pendant les heureux jours de ma jeunesse, le fanatisme était un monstre à peu près inconnu à Québec. Mes amis protestants étaient très-nombreux, et si je passais près de mon église à l’heure des offices, la seule remarque qu’ils faisaient était celle-ci : « entre dans ton église, mauvais catholique ! » Et je leur disais la même chose, quand nous passions devant un temple du culte protestant.

On ne peut penser sans frémir aux maux que l’intolérance religieuse a causés ! aux flots de sang que le fanatisme a fait répandre, et dont il peut encore inonder cette heureuse colonie ! Certains peuples sont restés aussi fanatiques que l’étaient leurs pères, il y a cent ans, mais je proclame, ici, avec orgueil, que ce sentiment est étranger au cœur de mes compatriotes canadiens-français.

Une petite scène dont mon ami feu Robert Christie fut témoin lorsqu’il était membre de notre Parlement Provincial, et qu’il racontait avec sa verve ordinaire, trouve naturellement place ici.