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il tempère la rigide discipline de son colonel. En l’année 1812, pendant la dernière guerre américaine, il commande le 1er  régiment de la milice d’élite incorporée, levée à cette époque. Il est élu deux fois membre de notre Parlement provincial, et appelé ensuite par son souverain au Conseil Législatif. Mais laissons-le parler lui-même dans la note autographe que j’ai devant moi.

« Aucun sujet canadien n’a fait pour son roi des sacrifices aussi sensibles ; car, de quatre fils, j’en ai perdu trois dans l’armée : proportion certainement bien cruelle ! et objet d’une douleur ineffaçable ! Le seul de mes fils qui me reste a toujours servi honorablement dans l’armée, au 60e en diverses parties du monde, depuis l’âge de quatorze ans ; et entre autres à la glorieuse affaire de Chateauguay, pour laquelle il a reçu de Sa Majesté quelques marques de distinction, et une place au conseil législatif, contre la règle établie de n’y point avoir en même temps, et le père, et le fils ; mais j’espère que tous deux, nous serons les plus fermes appuis du gouvernement, soit au conseil, soit l’épée à la main malgré mon âge avancé. »

Je ne puis mieux terminer cette notice qu’en publiant une des nombreuses lettres autographes du Duc de Kent, père de notre gracieuse souveraine la reine Victoria, à monsieur de Salaberry. Les lettres adressées au père sont toutes écrites en langue française et signées « Édouard », tandis que celles écrites au fils sont en langue anglaise et signées « Edward ». Les archives de la famille de Salaberry renferment aussi quelques lettres en langue latine de son Altesse Royale