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çais : langue que le duc parlait aussi purement que son interlocuteur : on aurait cru entendre deux Parisiens converser ensemble.

Je fus touché, la première fois que je dînai au château Saint-Louis, de la manière affectueuse avec laquelle ses fils traitaient les domestiques. Le jeune lord Frederick Lennox, aide-de-camp du duc son père, fit signe pendant le repas à un des servants de venir lui parler, et lui passant amicalement la main autour du cou, il lui dit quelques mots à l’oreille. C’était bien l’acte d’un vrai nobleman dans les veines duquel coulait le sang royal : il ne craignait pas de déroger en traitant avec une bonté toute particulière un de ses valets.

Son frère aîné, lord William Lennox, aussi aide-de-camp du duc, joignit notre Jockey Club dès son arrivée à Québec ; il y eut le lendemain une réunion des membres, à laquelle il assista ; mais je ne lui fus pas présenté ; aussi grande fut ma surprise, lorsque le rencontrant le jour suivant, il traversa la rue et conversa avec moi, comme si nous eussions été de vieilles connaissances.

Accoutumés à la morgue, à la froideur des dames anglaises, ce fut avec un sentiment de malaise, de crainte, que nous fîmes une première visite à lady Mary Lennox, fille du duc de Richmond ; les dames canadiennes, surtout, pensaient qu’elle allait les écraser de sa grandeur, mais point du tout ; nous vîmes une demoiselle aux manières simples, affectueuses même, et qui ne cherchait qu’à nous mettre à l’aise.

Ceci me rappelle une autre anecdote arrivée à ma cousine Éliza-Anne Baby, veuve de feu l’Honorable