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d’être contredit par mes compatriotes qui l’ont connu, ni par les enfants de ceux qui sont morts ; certain que le souvenir de ses vertus leur a été transmis par leurs parents.

Mon but étant dans cette chronique d’entretenir le lecteur de la vie privée de nos hommes marquants du Canada, plutôt que de leur carrière publique, je ne leur donnerai à la fin de ce chapitre qu’une courte esquisse de celle de monsieur de Salaberry pour m’occuper presque exclusivement de sa vie privée.

Monsieur de Salaberry, qui avait fait de fortes études en France, prenait un vif intérêt aux progrès de ses jeunes compatriotes canadiens, non-seulement pendant le cours de leurs études, mais aussi après leur sortie du collège. Sans être riche, il n’en exerçait pas moins une généreuse hospitalité : sa maison était toujours ouverte à ceux qui désiraient passer une soirée agréable avec son aimable famille, à l’entour d’une table à thé. Aussi la jeunesse, qu’il aimait et qu’il amusait beaucoup, s’empressait de faire partie des cercles fréquents qui se réunissaient chez lui.

Tout allait pour le mieux tant qu’il nous entretenait de ses voyages, de maintes anecdotes intéressantes, mais autre chose était quand il amenait la conversation sur les auteurs latins ! Nous nous en retirions tant bien que mal quand il se contentait de nous parler français, mais grand était notre désarroi quand il nous adressait la parole dans la langue de Cicéron ! Car nous n’étions pas forts sur une langue que nous n’avions pas l’habitude de parler au séminaire ; aussi était-ce