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MÉMOIRES.

heureux pendu pour grand larcin, soit d’un autre voleur attaché à un poteau aussi en permanence sur la même place. Le coupable recevait trente-neuf coups de fouet pour petit larcin ; une autre fois, c’était un criminel incorrigible attaché par les mains derrière une charrette, et promené dans les principales rues de la cité, recevant à certaines encoignures des rues une portion des dits trente-neuf coups de fouet, jusqu’à ce que la sentence fut accomplie ; ou bien enfin c’était un criminel qu’on exposait sur le pilori, pour parjure ou autre crime odieux. Le carcan ou planche transversale qui couronnait le poteau patibulaire, était situé à environ trois à quatre pieds au-dessus de la plate-forme, qui, elle-même, était élevée à environ huit pieds de terre. Le patient avait la tête et les mains assujetties dans ce carcan, ce qui lui laissait peu de chances d’éviter les œufs pourris, ou les autres projectiles que la canaille lui lançait.

Mais si le pilori n’était pas un lieu de délice pendant la belle saison, qu’était-ce lorsque le malheureux patient restait exposé pendant une heure sur ce poste élevé et privé de tout exercice par un froid de vingt à vingt-cinq degrés de Réaumur. Mais ce n’était pas l’affaire des juges, c’était celle du criminel qui n’était pas là pour ses bienfaits. Cependant comme les mœurs finissent toujours par s’adoucir par degrés, un shérif, que je ne nommerai pas, mais que son ami Louis Plamondon, avocat satirique, déclara être un shérif bénin, (il aurait peut-être mieux fait de dire benêt), se prit de compassion pour les malheureux condamnés, et sub-