Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour être ensuite répétés sept fois, avec le bruit infernal d’un immense parc d’artillerie, par les sept échos des mornes situés dans le sud dont on voyait sans cesse les pitons illuminés par le fluide électrique. Et puis tout à coup, après un moment de profond silence, ces épouvantables détonations, par un phénomène d’acoustique, revenaient de nouveau, semblables à un tremblement de terre sortant des profondeurs du lac, secouer les montagnes dans lesquelles il est encaissé.

J’invoquai le génie des tempêtes et je lui dis :

— Pourquoi troubler cette solitude ? Pourquoi renverser ces arbres gigantesques qui, exempts des passions des hommes, vivent en paix en se prêtant mutuellement appui et ombrage ? Il est pourtant d’autres exploits plus dignes de ta force et de ta puissance ! Parcours l’univers où t’attendent de nombreuses victimes ! Vois dans ce salon meublé avec soin ces deux époux qui s’entretiennent de l’avenir de leur fille unique et du bonheur qu’elle leur fait goûter depuis son enfance ! Vois comme ils sont heureux ! Jamais chagrin n’a troublé leur union !

Du salon, transporte-toi à l’étage supérieur. Regarde cette belle jeune fille que ses parents viennent de bénir, c’est la même qui, la mort dans le cœur, recevait encore ce matin en souriant les visites de ses amis ! Elle marche maintenant à pas précipités dans sa chambre solitaire, les mains crispées dans sa longue chevelure en désordre ; elle se jette sur son lit, elle s’y roule en l’arrosant de ses larmes !

Entends-tu ses sanglots qui déchireraient le cœur d’un tigre ? prends-la en pitié ! elle implore la mort à