Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
MÉMOIRES.

Lorsqu’ils avouent une faute ingénument, ils doivent leur pardonner ; ou si la faute est assez grave pour mériter punition, leur faire comprendre que ce n’est qu’en considération de l’aveu qu’ils ont fait qu’ils adoucissent le châtiment.

Un homme qui m’a menti une seule fois, disait souvent mon père, dirait la vérité tout le reste de sa vie que je n’en croirais pas un mot.

Le lecteur doit comprendre que cet aphorisme n’avait rapport qu’aux choses sérieuses, et non aux innocents badinages que font les brodeurs d’histoires pour les rendre plus piquantes.

Un menteur peut être un sujet d’étude assez amusante, lorsqu’il est contraint de dire la vérité. Je m’étais souvent posé la question suivante : que ferait M――― s’il était sommé de paraître comme témoin devant une cour de justice ? Je fus servi à souhait. Le voilà un jour, cour tenante, dans la boîte, la main droite étendue sur l’Évangile, l’ennemi le plus déclaré du mensonge. Il regarde alternativement, d’un air inquiet, le livre saint, le greffier et les juges, les juges qui condamnent sans pitié les parjures au pilori ! S’il ne craignait pas Dieu, il craignait le pilori, instrument toujours en permanence sur le marché de la haute-ville de Québec.

Que les hommes d’autrefois étaient bonasses ! Ils prenaient tout au sérieux, même le parjure ! Pas plus de pitié pour un pauvre diable qui se parjurait volontairement que s’il eût été un de ces hommes de paille que l’on met dans les jardins pour épouvanter les corbeaux ! Nous avons heureusement changé tout