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comme si un petit animal prisonnier voulait en sortir. La peur la prit tout de bon, et elle se couvrit la tête avec ses couvertures pour ne rien voir ni rien entendre ; elle passa une triste nuit, tantôt assoupie, et tantôt se réveillant en sursaut. Quand elle voulut se lever le lendemain au matin, elle entendit encore du bruit dans le coffre, elle ne fit qu’un saut, prit ses hardes et alla s’habiller dans la chambre voisine.

Lorsque ses parents la virent si changée, (elle l’était, en effet, et elle avait déjà un bouillon de fièvre ;) ils la grondèrent d’avoir veillé si tard ; mais voyant qu’elle avait les larmes aux yeux, ils l’embrassèrent en lui disant de ne pas se chagriner, et qu’ils étaient fâchés de lui avoir fait de la peine.

Josephine passa la journée tant bien que mal ; elle frissonnait au moindre bruit et se tint constamment auprès de sa mère et de sa tante. Elle leur dit vers le soir qu’elle avait peur de coucher seule et qu’elle les priait de lui faire un lit auprès de sa tante dans la mansarde. On lui accorda sa demande.

Elle était à peine couchée, le soir, que sa tante s’endormit ; mais la pauvre Josephine, elle, qui ne pouvait dormir, aperçut aussitôt vis-à-vis de la fenêtre une ombre qui lui fit lever les yeux, et elle vit le même fantôme qu’elle avait vu la veille et qui, suspendu dans les airs, et dans la même attitude, lui cria : « rendez-moi mon bonnet carré ! ». Elle poussa un cri lamentable et perdit connaissance.

À cette partie du récit du père Chouinard, le nycticorax quitta sa demeure solitaire. Nous entendîmes le bruit de ses ailes au-dessus de la cabane, d’où sortaient