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n’était pas riche, et quant à lui il ne faisait que commencer à vivre proprement de son métier ; il était adroit comme un singe, bon constructeur et fin menuisier.

Sur ces entrefaites, il reçut une lettre d’un de ses oncles qui demeurait dans le Haut-Canada, l’invitant à venir le trouver ; la lettre mandait qu’il y avait de l’ouvrage à gouêche (en quantité) dans ce pays-là, peu d’ouvriers et qu’il lui donnerait une part dans une entreprise de bâtisses qu’il avait faite pour le gouvernement, laquelle entreprise lui ferait gagner beaucoup d’argent dans l’espace de trois années.

Il fit part de cette bonne nouvelle à sa fiancée ; elle pleura d’abord beaucoup, mais il lui donna de si bonnes raisons, qu’elle consentit à le laisser partir, en lui promettant de lui garder sa foi.

La Fine fut bien triste pendant quelques jours après le départ de son fiancé, mais le sexe est pas mal casuel, (volage) comme vous savez, et peu de temps après, elle recommença son train de vie ordinaire ; ni plus, ni moins.

Elle revenait un soir d’une veillée sur les minuits avec une bande de jeunesses, riant, sautant, dansant, poussant celui-ci, donnant une tape à celui-là, et faisant à elle seule plus de tintamarre que tous les autres ensemble.

Arrivés près de l’église, ils aperçurent, debout sur le perron de la grande porte, un homme portant un surplis et un bonnet carré : cet homme avait la tête penchée et les deux bras étendus vers eux. Tout le monde eut