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quatre pieds d’épaisseur ; on n’y réussit, après avoir commencé la besogne avec une hache, qu’à l’aide de tranches de fer.

Arrivés, après avoir traversé le lac, à la cabane située à l’anse à Toussaint, mon compagnon allume le poële avec le bois dont le dernier occupant laisse toujours une provision suffisante pour une nuit. De mon côté, je cassai des branches pour renouveler le lit de sapin qui fait les délices des forestiers ; et nous tendîmes ensuite des collets pour prendre des lièvres et des perdrix. La méthode en est bien simple : il ne s’agit que de faire une haie avec des branches de sapin d’environ un pied de hauteur plantées dans la neige ; laquelle haie coupe à angle droit la piste, ou chemin principal des lièvres. Le lièvre, naturellement timide, ne sort de son gîte que la nuit pour chercher sa nourriture. Il court tout le long de la haie improvisée qu’il n’a point l’instinct de franchir d’un saut, jusqu’à ce qu’il trouve une ouverture assez grande pour lui livrer passage ; mais cette ouverture, malheureusement, est le piège où il trouve la mort : une mort honteuse, celle des grands criminels, lui qui cependant a mené une vie si pure et si innocente sans nuire à son prochain.

L’attrape dont il est la victime est de la plus grande simplicité : le chasseur plante une fourche dans la neige, dans cette fourche est une longue perche accrochée à une entaille que l’on fait à un arbre à environ un pied du sol ; l’extrémité de la perche est munie d’un fil de laiton très flexible dont on fait un cercle d’un diamètre proportionné à l’ouverture pratiquée dans la haie, où le pauvre lièvre, trop confiant, passe la tête