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MÉMOIRES.

que l’on venait de communiquer aux Américains n’avait rien de flatteur pour eux, mais qu’elle devait nous être favorable, il s’empresse de raconter à la supérieure et aux religieuses du couvent les paroles qu’il a entendues. Mais les pauvres religieuses sont aussi empêchées que les magiciens de Balthasar à la vue des caractères tracés sur les murs de la salle de festin. On répétait sur tous les tons « Montgomery is dead ! » sans en être plus avancé, lorsque mademoiselle Desgoutins, jeune acadienne de Louisbourg, qui demeurait dans l’hospice, les tira d’embarras en leur apprenant que dead voulait dire mort, et que ce mot appliqué à Montgomery annonçait l’heureuse nouvelle que le général américain était passé de vie à trépas. Mais comme les religieuses n’étaient pas les plus fortes chez elles, elles se donnèrent bien de garde d’en témoigner de la joie ; au contraire tout le monde feignit d’être très sensible à cette perte, en répétant d’un accent pitoyable, avec nos ennemis : « poor Montgomery is dead ! »

Que ceux qui désirent connaître où le corps de Montgomery fut transporté après avoir reçu le coup de mort en montant à l’assaut de la ville de Québec, le 31 décembre, 1775, s’arrêtent dans la rue Saint-Louis, vis-à-vis une très petite maison appartenant à cette époque à la veuve Gobert, et portant aujourd’hui le No. 44. C’est là qu’il fut déposé. Que le visiteur continue sa promenade jusqu’à la porte de la ville, s’il est curieux de savoir où il fut enterré, qu’il compte cent pas en se dirigeant vers la citadelle, que là, il se tourne du côté des murs de la ville, et il sera à quelques pieds