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la plus cordiale existait entre les officiers de l’armée régulière et les miliciens.

Ce serait une étude curieuse à faire aujourd’hui que de rechercher les causes qui ont induit le gouvernement d’alors à persécuter ces citoyens si respectables à tous égards. Personne n’ignore que les griefs, qui motivèrent les actes de rigueur de l’oligarchie, prenaient leurs sources dans le journal « Le Canadien » que les patriotes du temps publièrent pour se défendre des attaques envenimées et grossières que débitaient contre eux les gazettes anglaises. La presse, les caractères, etc., qui servaient à l’impression de ce journal furent saisis par un piquet de soldat commandés par un juge de paix ; ma foi, il faut l’avouer, par mon beau-père, le capitaine Thomas Allison, du 5e régiment d’infanterie, mais retiré alors du service ; et furent déposés dans les voûtes du palais de justice.

Ce serait certainement aujourd’hui une lecture pleine d’intérêt et des plus curieuses que celle de l’ancien journal « Le Canadien, » depuis le premier numéro jusqu’au 17 mars 1810, qu’il fut saisi par le gouvernement. On prétendait alors que plusieurs articles de ce journal tendaient à soulever le peuple, ce qui fut cause que les éditeurs, propriétaires, et les correspondants accusés de pratiques séditieuses furent incarcérés. Les moins coupables aux yeux des autorités, soit officiers dans la milice, ou exerçant quelques fonctions sous le gouvernement, furent congédiés. Oh oui ! ce serait une étude très-curieuse que de chercher à découvrir les crimes qu’avaient commis tant de loyaux et respectables citoyens d’origine française, qui leur valurent une per-