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trop polis pour manquer aux égards qu’ils devaient à ceux qu’il avait admis à sa table. Nous écoutâmes tous en effet le discours de LaForce avec un sang-froid imperturbable, sans paraître nous apercevoir de la mystification, et nous bûmes à la santé des Peaux-Rouges avec des hip ! hip ! hurrah ! propres à satisfaire leur orgueil.

Un des grands chefs prit ensuite la parole en huron et fit un long discours de remercîment, je suppose, en s’adressant au major. Interpellé ensuite par un de nous sur le discours de LaForce, il nous dit que le major avait dit de grandes et belles paroles, mais qu’il parlait une branche de leur langue, l’iroquois je crois, qu’eux, les Hurons de Lorette, n’entendaient que bien imparfaitement.

Nous visitions un jour un de ces musées de figures en cire, que les Américains exhibaient fréquemment autrefois dans les villes du Bas-Canada, lorsque le major LaForce, voyant entrer trois à quatre habitants, prit une chaise qui lui tomba sous la main et s’assit entre Washington et je ne sais quel autre personnage qui faisait partie de la collection. Et là, immobile, les yeux fixes comme les automates qui l’entouraient, il attendit la visite des campagnards. Son visage pâle, il faut l’avouer, prêtait beaucoup à l’illusion. Nous nous attendions peu à ce qui allait suivre, mais seulement à une simple mystification ; et nous entourâmes les nouveaux venus lorsqu’ils s’arrêtèrent devant notre ami qu’ils contemplèrent longtemps en silence.

– Mé ! mé ! dit l’un d’eux, ne dirait-on pas que