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savant discours de l’honorable membre qui venait de parler, et commença d’une voix nasillarde :

— À Dieu ne plaise, monsieur le président, que me prévalant d’une éducation classique que beaucoup de membres de cette honorable chambre n’ont pas eu l’avantage de recevoir, à Dieu ne plaise, dis-je, que fort d’études profondes auxquelles je me suis livré depuis mon enfance, je veuille surprendre, par des discours captieux la religion d’honorables membres moins favorisés que moi sous ce rapport, etc., etc, etc.

Et Plamondon reprit son siège au milieu des rires et des applaudissements de tous les convives.

LaForce se leva ensuite et demanda la permission de proposer une santé que tout le monde, il en était certain, accueillerait avec bonheur, celle de nos amis les deux chefs hurons. Il commença par faire l’éloge, en langue française, des guerriers de cette nation qui avaient rendu tant de services à leurs alliés français et anglais avant et depuis la conquête ; et se servant, en s’adressant au grand chef, de l’idiome indien, ou de ce qui nous paraissait l’être, il fit un discours d’une vingtaine de minutes, chargé de consonnes à ébranler les tympans les plus solides. Les deux chefs étaient tout oreilles, ne rompant le silence que pour pousser leur hoa ! ce qui est chez eux un signe d’admiration ou d’approbation.

Je fus probablement le seul qui crut s’apercevoir que M. Stuart parut mal à l’aise lorsque le major aborda l’idiome indien ; il lui passa une ombre sur le visage, mais ce mouvement ne fut que transitoire, sachant bien qu’il avait pour convives des gentlemen