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Je l’entendis cependant un jour se plaindre assez amèrement de l’injustice des hommes.

La cour voyant que le poteau ne faisait rien, s’avisa de le condamner à être fouetté aux coins de certaines rues, les deux mains attachées derrière une charrette traînée par un cheval. Il faisait froid, le malheureux était nu jusqu’à la ceinture, et les coups étaient doublement douloureux. Quand le chat à neuf queues, comme l’appellent les anglais, le pinçait un peu fort, il disait avec l’éloquence du sentiment :

— Pourquoi me maltraiter de la sorte, moi qui ne fais mal à personne.

C*** était déjà communiste !

Une scène bien triste, quoique un peu burlesque, se passa un jour à la cour criminelle. Un malheureux jeune homme expulsé de l’armée britannique, et tombé ensuite dans un état de dégradation déplorable, venait d’être convaincu d’avoir volé une pièce d’argent dans le comptoir d’une auberge. Le greffier lui demande, suivant l’usage, ce qu’il avait à alléguer contre la sentence de mort que la cour allait prononcer contre lui.

— Implorez le bénéfice du clergé, lui crièrent les assistants.

Le criminel allait suivant la coutume s’agenouiller pour implorer un privilège accordé par le code criminel dans certains cas de grands larcins. Ce privilége lui sauvait la vie.

Son avocat, Justin McCarthy, lui cria alors :

— Vous êtes un sujet anglais ! vous avez porté l’uniforme d’un officier de Sa Majesté Britannique ! ça serait une honte de vous humilier de la sorte !