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cour, ouvre les bras d’un air consterné et dit qu’il n’en reste plus, hélas ! que onze qui ont répondu à l’appel. Je n’ignore pas non plus que le juge dit : Renvoyez-les, le tribunal est incomplet.

— Voilà Gaspé qui fait de l’esprit, dit Plamondon ; le jeune homme promet pour l’avenir.

Plamondon n’épargnait guère plus ses amis que ses ennemis quand il s’agissait de tirer une pointe. Après nous avoir fait rire, il ajouta sérieusement :

— Vous ne me ferez jamais croire, mon ami, que vous ne comprenez pas cet admirable système : vous nous contredisez souvent pour le plaisir de la discussion.

— Oui, répliquai-je, pour vous donner l’occasion de faire briller votre esprit, et de m’en attribuer ensuite quelques bribes au besoin.

— Eh ! Eh ! fit Plamondon, ça.................................

L’ouverture de la cour mit fin à notre badinage. Un homme prévenu de grand larcin est à la barre des criminels, le corps de jurés est constitué et l’instruction du procès commence.

— Quel admirable système ! s’écrie Vallière : cet accusé ne sera pas jugé par ces hommes orgueilleux et couverts d’hermine, mais par ses pairs. C’est un homme du peuple et il sera jugé par ses égaux.

— Parlez plus bas, mon cher ami, lui dis-je : vous pourriez être entendu des jurés qui n’apprécieraient guère le compliment que vous leur faites. Quoi ! ce misérable C***, qui a déjà été condamné quatre fois à la potence, est le pair de ces hommes respectables qui siègent sur lui !

Je dois observer ici que les petits jurés du bon vieux