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asme porté jusqu’à la folie ; mon ami Plamondon était probablement le seul qui me rendit des points à cet égard.

Je lis à haute voix les premières lignes de l’invocation que je cite de mémoire :

— Je vous salue, ruines solitaires ! tombeaux saints ! murs silencieux !

Cartwright, qui entendait peu la langue française, dit : trash (guenille), tandis que Green qui appréciait nos auteurs classiques était tout oreilles. Je continue la lecture ; mon ami s’écrie : c’est un beau langage ! quand la porte s’ouvre et donne entrée au patron. Je prends le malencontreux volume de la main droite et je le fourre sous mon habit, dont les basques, suivant la mode, d’alors, descendaient jusque sur mes talons ; j’aurais pu y cacher le grand coutumier. Malheureusement pour moi, et je souhaite cette infirmité aux menteurs, mon visage a toujours été un miroir de tout ce qui se passe dans mon âme, et mon patron s’aperçut à mon trouble que je recelais un objet quelconque que j’avais un grand intérêt à lui cacher. S’amusant de mon embarras, il me présente un papier du côté droit, et moi, croyant avec raison qu’il serait impoli de le recevoir de la main gauche, je m’empresse de substituer cette main à celle qui était prisonnière derrière mon dos pour lui restituer sa liberté d’action. M. Sewell, un des gentilshommes de l’ancienne roche, avait trop de délicatesse pour chercher à pénétrer les petits secrets des jeunes gens de son bureau, et il finit par s’éloigner le sourire sur les lèvres.

J’avouerai, à ma honte, que je ne repris la lecture de