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il m’a répondu, après s’être promené un peu de long en large dans son bureau.

— Si vous m’en croyez, mon cher, vous n’en lirez aucun.

— C’est très simplifier mes études professionnelles, lui dis-je ; mais alors pourquoi m’avoir fait signer ce brevet qui m’enchaîne ici pendant cinq longues années.

— Parce que, fit-il, vous ne pouvez être admis au barreau sans cette formalité qu’exige un statut fait et passé à cet effet.

— Permettez-moi alors, répliquai-je, de vous souhaiter le bon jour, vous promettant de vous rendre visite à l’expiration de mes cinq années afin d’obtenir les certificats de service d’usage, et pour accomplir d’autres formalités, sans lesquelles je ne pourrais être admis à pratiquer comme avocat, procureur et conseil dans toutes les cours de Sa Majesté dans cette Province du Bas-Canada.

— Doucement, mon cher, fit mon patron : vous pouvez, avec du bon sens, vous passer à la rigueur de l’étude, de la théorie de la loi, mais, sans la pratique, vous courrez le risque de vous casser le nez dès le premier pas que vous ferez dans votre profession, et comme je vous aime, je voudrais vous éviter ce désagrément. J’ai aussi une autre raison bien puissante pour tenir beaucoup à votre aimable et assidue société pendant cinq ans ; j’ai, voyez-vous, une forte et nombreuse clientèle ; comment suffirais-je seul à tout le griffonnage, dont les deux tiers à la vérité sont inutiles, mais aux-