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même, ne sont que trop fréquemment les suites d’une femme trompée dans ses affections.

L’homme ne peut juger la femme que lorsqu’il a atteint l’âge mûr, lorsque la fièvre ardente des passions de la jeunesse lui laisse tout son jugement. Je ne parle pas de ces êtres vils qui vont, même pendant leur vieillesse, semant le venin de la calomnie contre les femmes : ces hommes méprisables sont malheureusement trop nombreux dans l’espèce humaine.

Les dames qui fréquentaient autrefois le militaire (et je crois qu’il en est de même aujourd’hui,) étaient surtout en butte aux malicieux propos des jeunes gens ; le simple raisonnement leur aurait démontrer que c’était la société dans laquelle leur rang les classait naturellement. Avec un peu plus d’expérience je leur aurais répondu :

« Je crois bien que Messieurs les militaires ne sont pas toujours des Catons, mais vous avouerez qu’il serait assez difficile de nous classer dans cette catégorie ; et que les femmes ne courent guère plus de risques dans leurs rapports avec des officiers qu’avec vous, mes très-chers » !

Les coups de langue pleuvaient même sur les femmes et filles des militaires. Ils ignoraient qu’il y a une fraternité entre eux tous et que celui qui ne respecte pas la femme et la fille d’un frère d’armes s’expose aux plus terribles avanies dont la coventry est la moindre punition. Il est rare qu’un officier puisse endurer ce supplice pendant plus d’une année. Toute communication cesse entre celui qui subit cette punition et les autres officiers ; son nom est rayé de la liste