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1809, intitulé : « Dictionnaire de l’ancien droit du Canada ou compilation des Édits, Déclarations et arrêts du conseil d’État des Rois de France, concernant le Canada. »

C’était, je crois, en l’année 1818, que de retour d’une partie de chasse au Château-Richer, par une belle nuit du mois d’août, mon fusil d’une main, les rênes du cheval que je montais de l’autre, une gibecière bien bourrée de bécassines sur le dos, je suivais le beau chemin bordé de peupliers entre l’ancien pont Dorchester et le pied de la côte d’Abraham, lorsque mon cheval fit tout-à-coup un écart qui pensa me faire vider les arçons. Raffermi sur ma selle, je me rapprochai d’un objet noir étendu au pied d’un peuplier.

— Qui est là ? m’écriai-je.

— Sub tegmine fagi, me répondit une voix que je reconnus être celle de l’infortuné McCarthy.

— Hélas ! pauvre McCarthy ! m’écriais-je.

— Ah ! c’est toi, Aubert ! me dit-il : tu es peut-être le seul de mes anciens amis qui compatisse à mes maux, car vois-tu, comme le Fils de l’homme, McCarthy n’a pas une pierre pour appuyer sa tête.

Mes yeux se voilèrent de larmes d’autant plus amères, que j’étais alors à l’apogée de ce que les hommes appellent le bonheur, et je continuai :

— Ta partialité pour moi te rend injuste envers tes autres amis : Vallière, Plamondon, Le Blond, Faribault, Moquin, n’ont-ils pas généreusement concouru à une œuvre de réhabilitation que tu as toujours rendue inutile par ton malheureux penchant ? Les avocats anglais, qui te connaissent à peine, ne nous ont-ils pas secondés