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étaient Gaspé, Painchaud et Macguire : des bonnes jeunesses, allez ! mais espiègles comme des lutins.

Nous renouvelâmes connaissance avec un plaisir mutuel ; et après un entretien assez long, j’en conclus que c’était à tort qu’il regrettait de ne pas avoir continué ses études : j’avais devant mes yeux la figure heureuse et candide du petit Alexis d’autrefois : les passions n’avaient imprimé aucune trace sur les traits du vieux et respectable cultivateur canadien.

Après un soubresaut d’une trentaine d’années, je reviens à mon ami Plamondon.

Plamondon, élève de M. l’abbé Deschenaux, avait certainement le ton et les manières de la bonne société, mais son excessive politesse était passée mode parmi nous au contact des mœurs anglaises, et nous le badinions souvent sur sa mine tant soit peu cléricale.

C’était, je crois, vers l’année 1820, qu’un jeune gentleman anglais récemment arrivé à Québec, et désireux de faire la connaissance de quelques bons vivants de cette aimable ville, invita le chef de cette classe de jeunes gens estimables, Monsieur François-Xavier Perrault, à dîner à son hôtel à la basse-ville, en le priant d’y amener ses amis et les amis de ses amis. Il faisait les choses avec une générosité toute britannique.

Nous étions au grand complet et à table, lorsqu’un officier du 60e régiment arrivé la veille ouvrit la porte de la salle dans laquelle nous étions réunis, mais il allait se retirer lorsque notre amphitryon qui le connaissait, lui cria : take some dinner, O’Gorman. Le gentleman interpellé n’était pas homme à refuser une si aimable invitation, et il se mit à table sans céré-