Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.

revenus au Canada. Je n’ai jamais entendu parler depuis de Fairbanks et de McWater qui étaient aussi mes compagnons de collège : Clery est, je crois, le seul qui ait terminé son cours d’étude avec nous, les autres laissaient généralement le séminaire quand ils avaient acquis une connaissance suffisante de la langue française.

Cette digression ne m’a pas fait perdre de vue mon ami Moquin, que la mort a enlevé au barreau de Québec quasi au début de sa carrière. Les quelques mots que le feu juge en Chef Sewell prononça sur sa tombe, au nom de ses confrères, sont, je crois, la plus belle oraison funèbre faite à un avocat.

« Nous sommes tous d’opinion, dit l’éminent Juge en chef, que feu M. Moquin ne s’est jamais chargé d’une cause à moins d’être intimement convaincu, dans le for de sa conscience, que cette cause fût juste et fondée en loi. »

En effet, Moquin avait déclaré dès son début au barreau qu’il ne se chargerait que de bonnes causes ; et l’on citait deux à trois clients qu’il avait mis sans cérémonie à la porte de son bureau, parce qu’ils insistaient à vouloir le charger de procès qu’il leur avait déclarés être injustes et insoutenables en loi. Moquin n’était pas éloquent, il ne disait absolument que ce qui était nécessaire au soutien de sa cause, mais, en revanche, il avait la satisfaction de voir les juges prendre des notes fréquentes pendant ses plaidoyers.

Le portrait du consciencieux avocat est au greffe de la cour supérieure du district de Québec ; et chaque fois que je contemple son visage pâle et sévère, je suis