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pellé répond que la chose lui paraît ridicule ; qu’un général français pourrait bien être caché dans la ville de Québec, mais qu’il n’aurait jamais l’audace d’y lever un régiment. Le Procureur du Roi tire un papier de sa poche et le passe au prélat. C’était bien un bel et bon brevet de capitaine, revêtu des formes voulues en pareil cas. Le capitaine appartenait au régiment d’un général portant un nom français.

— Que dites-vous maintenant, Monseigneur, fit le procureur du Roi ?

— Que je me fais fort, répliqua l’évêque, de vous produire demain, à l’ouverture de la séance du conseil, le général dont il s’agit ; jusque-là, il est inutile de faire d’autres recherches.

Tout l’aréopage était réuni le lendemain, lorsque Monseigneur Plessis fit seul son entrée dans la chambre du conseil. On se regarda avec inquiétude, et l’on somma l’évêque de tenir sa promesse.

— Je vais l’introduire, fit celui-ci ; il m’attend à la porte ; et il rentra aussitôt après tenant par la main un enfant de onze à douze ans :

Voici, Messieurs, le général Vallière.

Quelques membres du conseil, ennemis acharné de tous les Canadiens-français, croyant à une mystification, pâlirent de colère, tandis que d’autres plus sensés, et qui connaissaient le haut caractère du grand prélat, éclatèrent de rire. Tout s’expliqua : Vallière levait un régiment d’enfants, dont il s’était constitué le général.

Interpellé sur le brevet, si parfait dans sa rédaction, il dit qu’ayant lu par hasard deux ans auparavant