L’enfant répondait souvent : J’ai lu ceci dans tel auteur.
— Tu aimes donc la lecture ? fit le prélat.
— Je lis tout ce qui me tombe sous la main, fut la réponse.
— Mais tu me cites des auteurs anglais, aussi bien que des auteurs français. Quel commencement d’instruction as-tu reçue ?
— J’ai été à une petite école dans le Haut-Canada, où j’ai appris à lire l’anglais.
— Et le français ?
— J’ai appris à le lire sans l’aide de personne : c’était chose facile à celui dont la langue maternelle était la langue française.
— Que vas-tu faire maintenant ?
— Mon oncle n’est pas riche ; il a une nombreuse famille, il va me mettre commis chez un épicier, s’il peut me trouver une place.
— Aimerais-tu à faire des études ?
— Ah ! oui, Monseigneur, c’est là toute mon ambition.
— Je vais parler à ton oncle dès aujourd’hui, et demain je te donnerai les premières leçons de la langue latine.
Dix-huit mois après Vallière savait le latin ! oui, savait le latin ; il lisait non seulement avec la plus grande facilité les auteurs classiques, mais même parlait la langue de Cicéron avec élégance et facilité. Et en voici une preuve :
Vallière doué d’un des plus nobles cœurs que Dieu se soit plu à créer, n’a jamais oublié la dette de gratitude qu’il devait à son généreux protecteur, aussi, à l’encontre de la plupart des jeunes gens qui évitent, s’ils