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plus éloquent qu’il le fut ce jour-là. Les prêtres du séminaire s’écriaient : c’est son père ! c’est tout son père ! Quel champion pour soutenir les droits des Canadiens, lorsqu’il aura étudié les lois qui nous régissent ! Et les messires, Demers, Lionnais, Bedard et Robert, qui rendaient ce témoignage, étaient des juges compétents.

Il existait un grand contraste entre les deux messieurs Papineau. Le père, Joseph Papineau, gros et trapu, n’avait de remarquable que sa tête énorme ; ses vêtements mêmes n’étaient pas en harmonie avec le rang qu’il occupait dans la société. Le fils, au contraire, était un bel homme, et irréprochable dans sa toilette, sans être un petit maître. Son ton et ses manières sont, peut-être, d’une élégance un peu recherchée aux yeux de ceux qui, en rapports journaliers avec la société anglaise, ont contracté des manières plus raides.

Le fils, dans la conversation, et surtout quand il parlait en public, aurait plutôt hésité que de ne pas se servir de l’expression la plus élégante. Le père, au contraire, n’aurait pas substitué un mot plus élégant, au mot propre qu’il avait sur les lèvres, dès qu’il exprimait sa pensée.

La première impression que fit sur moi l’éloquence de M. Joseph Papineau ne s’est jamais effacée de ma mémoire. J’assistais, bien jeune, à une séance de notre parlement, lorsque je vis un membre, aux manières simples, se lever avec lenteur, en tenant dans la main droite un papier dont il venait probablement d’achever la lecture. Ses habits, une grande