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nous, si vous continuez à fréquenter les mêmes personnes que vous venez de laisser.

— Le seul que je connaisse, fit Laterrière, est M. Walker, jeune gentilhomme dont nous faisions autrefois notre société dans le Canada. Y a-t-il quelque chose contre son caractère ?

— Rien, reprit le gentleman, c’est, au contraire, un parfait honnête homme ; mais, voyez-vous, nous fréquentons, mes amis et moi, des cercles différents de ceux de nos barbiers.

Laterrière leur raconta alors sous quelles circonstances il avait connu Walker, qui dépensait généreusement alors l’argent dont il était amplement muni, avec ses amis de Québec.

J’y suis maintenant, dit l’un des messieurs : je me rappelle que Walker, ayant reçu une petite succession d’une de ses tantes, laissa la boutique paternelle dans laquelle il jouait très habilement des ciseaux et du rasoir, et que quand il eut tout dépensé, il revint bravement terminer son apprentissage, après avoir joué, je suppose, au gentleman dans les pays étrangers.

Laterrière fit part le soir même, à Walker, de la révélation qui lui avait été faite à son sujet ; mais le barbier prit la chose en bonne part, comme fait un homme de bon sens qui connaît les distinctions sociales, et accepta, avec plaisir, l’invitation que lui fit Laterrière de venir de temps en temps le visiter privément le soir à son hôtel pour parler de ses anciennes connaissances du Canada.

Si le vieux curé Primrose, de Goldsmith, fut mystifié pendant une soirée entière par un maître-d’hôtel,