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du cap, et munies de galeries se communiquant sans interruption, invitaient les passants à se servir de cette voie de communication.

Comme le plus pressé était de déposer nos dames dans leur domicile, je pris la voie des galeries pour savoir des nouvelles de la porte Hope ; elle était hermétiquement fermée. Dans ce grand désarroi, nous proposâmes à nos aimables demoiselles, qu’un de nous resterait à la garde des voitures, tandis que l’autre les accompagnerait jusques chez elles, en passant par la porte de la basse-ville, qui était certainement ouverte. Il ne s’agissait que de prendre la voie des galeries, descendre la côte aux Chiens, ou rue Dambourgès, qui débouche sur la rue Sault-au-Matelot. Mais elles jetèrent les hauts cris, alléguant qu’il faisait bien noir, qu’elles pourraient faire de fâcheuses rencontres de matelots ivres, qu’il y avait une frégate dans le port, et que si elles rencontraient la press gang, elles mourraient de frayeur.

Nous leur dîmes que les officiers de la marine anglaise étaient trop galants pour presser le beau sexe.

Ce sont dirent-elles, des monstres de marins, accoutumés au carnage, qui ne respectent rien.

Nous rîmes beaucoup de leurs craintes ; mais il fallut céder ; et nous attendîmes au moins deux mortelles heures avant d’être délivrés. Nous fûmes ensuite assez mal accueillis par les papas et les mamans de nos demoiselles, mourant d’inquiétude ; ils nous tancèrent de la belle manière malgré notre innocence.

Je racontais dernièrement cette scène au major Lafleur, un de nos anciens ; et j’ajoutais qu’il m’était im-