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Je répliquai que ma sortie avait été contre la danse elle-même et non contre celui qui l’avait demandée, que je ne connaissais même pas.

— Alors, dit-il, retirez vos paroles offensantes.

C’est ce qu’un jeune homme de vingt ans aurait dû faire sans hésiter ; mais croyant mon honneur compromis, je refusai net.

— Très bien ; jeune homme, dit le major, je vous ferai rétracter.

Et il se retira.

J’avoue que je ne fus pas tout à fait sur un lit de rose après cette affaire ; je réfléchis que c’était faire une triste entrée dans le monde que de me quereller avec un homme de l’âge et de la respectabilité du major Loyld ; et je dois convenir aussi, avec ma franchise ordinaire, que chaque coup de marteau que j’entendais frapper, le lendemain, à ma porte, me semblait un message hostile du terrible major. Mais j’avais heureusement affaire à un vrai gentilhomme. Je reçus, le soir, un billet du colonel Carleton, m’invitant à dîner, chez lui, le lendemain. Lady Dorchester, sa mère, lui avait recommandé, avant son départ pour le Canada, de rendre visite aux familles qu’elle avait connues pendant son long séjour dans cette colonie, et dont il avait, lui-même, peu de souvenance, étant parti enfant du Canada. Les premières familles auxquelles il rendit visite furent celles des Hale, des Smith, des Sewell, des De Gaspé, des Baby, et des De Lanaudière.

Quelle fut ma surprise, en entrant dans le salon du