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à peu près inutile de confier des armes aux Canadiens ; qu’ils n’auraient pas, probablement, le courage de s’en servir.

— Pourquoi ? monsieur, fit le général Brock ; le sang français ne coule-t-il pas dans leurs veines ? (et il aurait pu dire : ainsi que dans les miennes). Eh bien ! messieurs, je me suis trouvé plusieurs fois face à face avec les Français sur les champs de bataille, et je puis témoigner de leur bravoure à toute épreuve : et bon sang ne ment jamais.

Tout le monde connaît les brillantes qualités de ce grand homme et sa mort funeste, en chargeant, à la tête de son brave régiment, le 49e d’infanterie, l’armée américaine à Queenstown-Hight, où un monument lui a été érigé ; aussi ne parlerais-je que de ses qualités sociales. Il était adoré des officiers et des soldats qu’il commandait. Il se faisait un devoir d’introduire tous ses officiers dans les sociétés où son rang l’appelait, car disait-il, je réponds d’eux comme de moi-même. Et je puis dire en toute vérité que jamais corps de gentilshommes n’a mieux mérité que celui du 49e, l’éloge qu’en faisait son colonel. J’ai eu le malheur de l’offenser bien involontairement sans doute, à un souper chez mon oncle Baby ; mais il ne m’en conserva nulle rancune. C’était alors la mode de chanter au dessert, et lorsque mon tour arriva, je ne sais par quelle étourderie, je m’avisai de choisir dans mon immense répertoire de chansons à boire, une d’elles dont voici le refrain :

Mon père était pot,
Ma mère était broc,
Ma grand-mère était pinte.