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MÉMOIRES.

Ils entrèrent ensuite dans la chambre du malade, dans laquelle était la mère, et quelques-unes de ses amies, ainsi que des voisines du bourg de Saint-Thomas. Le Docteur examina l’enfant, et secoua la tête avec tristesse.

C’en est donc fait, dit la pauvre mère. Tu es donc à bout de ressources, toi auquel j’ai vu faire des cures si merveilleuses ?

— Il m’en reste une, ma chère femme, fit le Docteur, mais tu ne consentiras jamais à ce traitement.

— Lequel, parle vite ?

— Faire entrer une cuve d’eau à la glace et plonger l’enfant dedans (c’était pendant l’hiver).

Ce fut un cri d’horreur parmi les étrangères. Madame Oliva se leva avec calme et leur dit : Suivez-moi dans une autre chambre. La vie de ce cher enfant est aussi précieuse à mon mari qu’à moi-même.

Mon père resta près du malade avec son ami. L’enfant fut plongé dans une cuve d’eau sortant de la rivière, et déposé après ce bain glacial dans un lit, entouré de flanelles bien chaudes ; et à l’expiration d’une demi-heure environ, il s’en suivit une transpiration abondante qui lui sauva la vie.

J’avais entendu mon père raconter cette cure extraordinaire, et je sentais en moi, je suppose, le germe du typhus, lorsque je proférai ces paroles : Si j’étais le petit garçon du Dr Oliva, je ne mourrais pas, quand même je serais bien malade.

Dès que le Dr Oliva, qui résidait alors à Québec, fut arrivé, il changea entièrement le traitement du frater. Nous étions à la fin de novembre, et il fit néanmoins