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cour, je dus croire que cet Indien avait été condamné par un tribunal militaire.

Que ceux qui désirent connaître le lieu où il fut fusillé, suivent la grand’rue du faubourg Saint-Jean, jusqu’à la rue Sutherland, qu’ils tournent le dos à cette dernière rue, et ils seront vis-à-vis un enfoncement du petit promontoire qui règne au sud, tout le long de la dite rue Saint-Jean ; c’est là qu’il fut exécuté. Le curé de Québec, Monsieur Lefebvre, et un Jésuite, le père Glapion, je crois, l’exhortaient à la mort, assistés de Monsieur Launière, interprète des sauvages, stipendié par le gouvernement. Il rendait à l’Indien les paroles des deux ecclésiastiques au fur et à mesure qu’ils parlaient. Au moment suprême, les yeux du patient étaient couverts d’un bandeau. Lorsque les deux prêtres firent les dernières exhortations au criminel, ils lui parlèrent assez longtemps en le tenant par chaque main ; ils s’éloignèrent ensuite à pas lents et ne cessèrent de lui parler que lorsqu’ils furent arrivés à une certaine distance. Monsieur Launière, qui n’avait point cessé son office de truchement, tout en s’éloignant comme eux du patient, donne le signal convenu. Les soldats tirèrent alors ; l’Indien qui se tenait debout, fit un saut de plusieurs pieds en avant, et tomba la face contre terre : il était raide mort : deux balles lui avaient traversé le cœur.

Les deux chefs indiens de la tribu, qui l’avaient livré aux autorités d’alors, se tenaient près de l’officier qui commandait l’exécution ; et un grand nombre de sauvages, tant Hurons que d’autres nations, assistaient au supplice de leur frère, la peau rouge. Lorsqu’il tomba,