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toujours à moi, quand il vous plaira de faire une partie de pêche, ou de chasse, dans nos forêts.

Le père Laurent Caron a continué de me conduire au même lac jusqu’à ce que la mort ait emporté en lui un des habitants les plus respectables de la paroisse de Saint-Jean Port-Joli. Ses nombreux descendants ont hérité des vertus de leur aïeul et bisaïeul.

Si le lecteur m’a déjà pardonné le manque de méthodes dans ces mémoires, je puis sans crainte l’entretenir d’un sujet assez étranger à ce chapitre ; et s’il ne l’a pas fait, ça ne sera après tout, qu’un défaut de plus dans cet ouvrage. J’ai relaté dans une note au chapitre XIII des « Anciens Canadiens » qu’un jeune sauvage Abenaquis, je crois, ayant assassiné deux anglais, quelques années après la conquête, sa tribu ne le livra au gouvernement qu’à la condition expresse qu’il ne serait pas pendu ; que convaincu de ce meurtre, il fut fusillé. Je faisais observer que le pays devait être alors sous la loi militaire, car une cour criminelle ordinaire n’aurait pu légalement substituer le plomb à la corde dans un cas de meurtre. Mais j’étais dans l’erreur en supposant que l’Indien avait été condamné à passer par les armes par un tribunal militaire. Mon ami, le major Lafleur, m’assure tenir de son oncle qui fut témoin oculaire de l’exécution, que ce fut bien une cour criminelle légalement constituée qui substitua le plomb à la corde. Ce qui m’avait induit en erreur, c’est qu’ayant fait plusieurs recherches infructueuses à ce sujet dans les archives de la cour criminelle, aidé de feu mon ami M. Gilbert Ainslie, greffier de cette