Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sais votre bande joyeuse au lac de mes ancêtres. Je suis encore aujourd’hui au même lieu : répondez à l’appel, mes amis : Louis LeBourdais, Pierre LeBourdais, Joseph Painchaud, Paschal Taché, Joseph Fortin, James Maguire, Jean Marie Bélanger, François Verrault, et vous, mon unique frère, Thomas Aubert de Gaspé ! Un seul, le docteur Painchaud, répond d’un air narquois : « présent ! » Le silence de la tombe est la réponse des autres.

Nous refusâmes unanimement l’offre de mon père de nous faire conduire en voiture chez le père Laurent Caron, qui devait nous servir de guide pour nous conduire au lac. Il fallait alors un guide : on se serait bien vite égaré dans les nombreux sentiers des sucreries du troisième et du quatrième rang de la seigneurie, dont il n’y avait alors de défriché que les terres de la première et d’une partie de la seconde concession. Nous refusâmes donc l’offre de mon père : nous étions trop pressés de nous mettre en route, un sac sur l’épaule, un fusil ou une perche de ligne à la main, et une hache passée dans la ceinture. Il y avait pourtant une bonne lieue du manoir au domicile du père Laurent. Mais nous répliquâmes qu’en prenant par les champs et la forêt, la route serait raccourcie de moitié ; et nous partîmes en chantant, pour faire honneur, je suppose, aux bonnets de laine dont nous étions coiffés pour l’occasion :


« Va, va, va, petit bonnet,
« Grand bonnet,
« Va, va, va, petit bonnet tout rond.