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MÉMOIRES.

pitié jusqu’à ce que des gens charitables le retirassent de ses mains. Dans les villes, au contraire, les lutteurs observaient à peu près les règles des boxeurs britanniques.

N’importe ; la lettre d’un gentilhomme d’un jugement aussi sain que le député-commissaire-général Thompson, m’a fait un sensible plaisir, et m’a encouragé à rapporter plusieurs anecdotes que j’aurais omises, les jugeant trop insignifiantes. J’ai pensé que si, lui, homme d’une origine étrangère à la nôtre, se plaisait dans les réminiscences des temps passés, mes compatriotes leur feraient un accueil favorable.

Après réception de cette lettre, je rencontrai le colonel John Sewell, qui est aussi un homme des anciens temps, quoique un peu plus jeune que nous, et je lui demandai l’origine du jeu de marbre que nous appelions la snoke : « c’est un jeu français, dont j’ignore l’origine », me dit-il.

— Eh ! bien ! colonel, lui dis-je, grâce à notre ami Monsieur Thompson, je viens d’apprendre que ce que l’on appelle la snoke est d’origine anglaise, et que l’on devrait dire the last knock.


— J’ai joué à la snoke pendant dix ans de ma vie, reprit en riant, le colonel, sans me douter que ce fut un jeu britannique.

Ceci vient à l’appui de ce que j’ai publié dans une note des « Anciens Canadiens », sur la manière dont nous massacrions sans pitié la langue anglaise autrefois.

Je fus exposé à bien des mystifications pendant les premiers six mois de mon séjour à Québec ; j’étais sans défiance ; et les gamins en faisaient leur profit.