Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
MÉMOIRES.

La parque fileuse, Lachésis, continuait toujours sans relâche sa besogne, quand, après une vingtaine d’années, mon fils, le curé de Saint-Apollinaire, me dit qu’un vieillard respectable, ayant nom Charles Bezeau, de la paroisse de Saint-Antoine, parlait souvent de moi, et qu’il lui avait fait promettre de me conduire chez lui à la première visite que je lui ferais. J’acceptai l’invitation, et je fus agréablement surpris, il y a cinq ans, d’être reçu par mon ancienne connaissance dans une maison riche et confortable : il était en effet un des plus riches citoyens de Saint-Antoine. Mais lorsque je retournai ensuite chez mon fils, après dix-huit mois le respectable monsieur Bezeau était mort, laissant une fortune considérable à des jeunes filles qu’il avait élevées. Ce digne homme n’avait point laissé de postérité de ses deux mariages.

Après cet exemple, ô mères, ne désespérez jamais de vos enfants, quelque vicieux qu’ils soient pendant leur enfance.

Une lettre que je reçus du député commissaire général Thompson, après avoir publié « Les Anciens Canadiens », me semble, par son à propos, devoir trouver place dans ce chapitre. Monsieur Thompson, vieillard octogénaire de la plus grande respectabilité, est, je crois, sans exception de race, le plus ancien citoyen né dans la ville de Québec. Cette lettre, après un petit préambule en langue anglaise, est écrite en bon canadien français, qu’il parlait dès son enfance comme tous les enfants d’origine britannique à cette époque.

« My dear sir, and old acquaintance, I venture to