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MÉMOIRES.

— Oui, Excellence, mais il se rencontre encore une petite difficulté ! Tous les Anglais n’ont pas l’honneur de porter un nez de gouverneur, et vous sentez que le respect et la considération............

G…m ! dit Lord Dorchester, perdant patience, allez-vous en finir avec vos égards pour mon pauvre nez, qui est déjà dur comme du bois ? je vous dis de me faire le remède que vous connaissez, si vous l’avez sous la main.

— Oh ! là n’est pas la difficulté, Excellence ; il n’est pas nécessaire d’en faire une provision avant de se mettre en route, j’en ai trois bon pieds de cette médecine sous ma carriole : elle ne coûte pas tant que celle des chirurgiens.

— Comment, dit le Lord, c’est de la neige ?

— Certainement.

— Allons, vite au remède, avant que le nez me tombe dans la carriole.

— Je n’ose, dis-je : le respect, la considération, que je dois à votre Excellence............

— Voulez-vous vous dépêcher, bavard infernal, qu’il me dit.

Quand je vis qu’il se fâchait, lui toujours si doux, si bon, je commençai la besogne en conscience, et avec quelques poignées de neige, je lui dégelai le nez comme père et mère ; mais il faut avouer que j’en avais plein la main de ce nez de gouverneur ?


Je n’ai aucune souvenance de Lord Dorchester, mais je me rappelle parfaitement son épouse, parce