retirer la sentence d’excommunication, sans réussir à le toucher. Il se comporta, au contraire, envers eux avec la plus grande brutalité, et les traita avec le plus grand mépris, en disant :
— Non ! je ne lèverai pas cette sentence d’excommunication. Je vous apprendrai à craindre la puissance d’un évêque ; et toute la province, instruite par votre exemple, sera, à l’avenir, plus soumise à l’Église. Je vous ordonne, en conséquence, de chasser ces deux misérables du milieu de vous ; et si vous m’obéissez, je verrai alors ce que j’aurai à faire.
— Les pauvres marguilliers, à ces paroles cruelles, tombèrent à genoux, versèrent des larmes et répondirent :
« Que ces individus étant sur leur terre, personne autre qu’une cour de justice n’avait le droit de les expulser de la paroisse. »
« — Sortez, vauriens, sortez de cette chambre, répliqua l’évêque, en leur ouvrant la porte.
« Sur ce, ils se relevèrent pour sortir ; mais un d’eux prenant son courage à deux mains, resta quelque temps après que les autres furent sortis, et dit à l’évêque d’une voix ferme en présence de Monsieur Mabane,[1] Juge de la cour des plaidoyers communs qui était alors avec l’évêque :
« — Monseigneur, si cet homme vous eût donné les cent cinquante piastres que vous lui demandiez pour ses dispenses, vous les auriez alors accordées, et il ne se
- ↑ Ce monsieur Mabane, que l’on avait fait juge, était un chirurgien d’Édimbourg, tandis qu’il y avait alors à Québec des hommes de loi éminents d’origine canadienne.