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MÉMOIRES.

engagea ce malheureux, dans son désespoir, de recourir, pour se marier, à un ministre protestant, dont il éprouva un refus. Cet homme invite alors ses parents et amis à un festin, mais avant de se mettre à table produit sa fiancée, et, en présence de son père et de ses amis, les deux parties consentent à devenir mari et femme. C’était sans doute blâmable, mais la punition des coupables n’était pas suffisante pour assouvir la vengeance de l’évêque. Il ne se contenta pas d’excommunier les nouveaux mariés, mais aussi ceux qui avaient assisté à la cérémonie, ainsi que tous les habitants de la paroisse sans exception ; en sorte que M. de Gaspé,[1] seigneur de la paroisse de Saint-Jean Port-Joli, ainsi que sa femme, vivant à quatre milles et demi du lieu où l’offense avait été commise, furent enveloppés dans l’excommunication.

« Le curé de l’Islet, qui desservait la paroisse de Saint-Jean Port-Joli, y fut envoyé pour exécuter cette sentence d’excommunication. Il arrive à l’église, éteint la lampe du grand autel, jette les cierges à terre, fait sonner les cloches, brûle les espèces consacrées, emporte la boîte dans laquelle elles étaient enfermées, ainsi que l’ostensoir, lit la sentence d’excommunication et déclare qu’elle sera en force pendant tout le temps que la paroisse donnera un asile aux deux rebelles. Les habitants de cette malheureuse paroisse, saisis d’épouvante, députent leurs marguilliers auprès de l’évêque, pour implorer sa miséricorde : ceux-ci se transportent à Québec et l’implorent à deux genoux de

  1. Grand-père de l’auteur.