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MÉMOIRES.

y perd ; j’en suis affligé, mais je me crois obligé de rétablir les faits.

Quant à messieurs les touristes anglais ou autres mêmes de cette nation, qui ont fait un assez long séjour au Canada, ils se sont de tout temps beaucoup égayé aux dépens de Jean-Baptiste. Ils ont forgé force histoires dans leurs écrits, et ont répandu beaucoup de calomnies contre nous ; il n’y a pas lieu de s’en formaliser : c’était un plaisir fort innocent, très à la mode autrefois, et même encore aujourd’hui, quoiqu’avec un peu moins d’acrimonie. Mais, bah ! on finira, je l’espère, par mieux se connaître, et, en mettant un peu chacun du sien, on finira par devenir bons compagnons.[1]

Un touriste anglais publiait, il y a soixante ans, que les dames canadiennes-françaises passaient les journées entières, pendant l’été, à leurs fenêtres ouvertes, leur couture à la main, pour se faire admirer, et faire des agaceries à ceux qui passaient. Il y avait, à la vérité, à Québec deux couturières auxquelles on pouvait, en toute rigueur, faire ce petit reproche. Toutes les dames, quoique innocentes, en devinrent solidaires et furent obligées d’avaler l’insulte.

On fait un jour courir le bruit que trois officiers de l’armée anglaise, frères et canadiens-français de naissance ont été cashiered (renvoyés du service) ; et voilà les gazettes anglaises qui publient qu’il n’y a rien de surprenant, vu la manière dont notre race élève ses

  1. Les Canadiens-Français étaient autrefois exposés à toutes sortes d’insultes, sans pouvoir se disculper faute de journaux en langue française, pour se défendre.