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MÉMOIRES.

mais ils ajoutaient que M. de Repentigny disait souvent que cette catastrophe empoisonnait sa vie.

Si ma version est correcte, et je n’ai aucun lieu d’en douter, je demande aux gens de bonne foi si M. de Repentigny mérite la tache dont on a voulu ternir sa mémoire. Combien arriverait-il d’accidents aussi déplorables, si nous étions toujours armés maintenant, comme on l’étaient autrefois ? Témoin ce qui se passe chez nous et chez nos voisins depuis quelques années. On a mêlé l’intendant Bigot à cette aventure, pour jeter, je suppose, plus d’odieux sur M. de Repentigny ; mais je ne vois pas qu’un billet de logement émané par cet homme ou par une autre autorité, change rien à cette malheureuse affaire. Cependant, dans une brochure anglaise intitulée : Reminiscences of Quebec derived from reliable sources for the use of travellers, by an old inhabitant, et publiée au bureau du Mercury en l’année 1858, l’auteur prétend que Philibert ayant eu maille à partir avec l’intendant Bigot, celui-ci l’aurait fait assassiner par un officier de la garnison ; que cet officier, très fier sans doute de servir de bourreau, aurait enfoncé son épée dans le dos de Philibert, lorsqu’il descendait la côte de la basse-ville. Mais c’est de mieux en mieux ! Quel lâche que cet officier ! N’avoir pas même le courage d’attaquer en face un homme désarmé, lui, un officier distingué de cette colonie, ainsi qu’il appert par les états de service de M. de Repentigny, cotés à la fin de ce chapitre.

Quoi ! un officier français, le plus chevaleresque des hommes, assassiner de sang-froid, par derrière, un homme sans défense ! Il n’y a donc action si vile, si