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MÉMOIRES.

la mort à la cause royale. Il était lieutenant du génie lorsqu’il fit les campagnes de 1793 à 1797, sous les ordres du prince de Condé. Et par une autre coïncidence, les deux frères nés canadiens-français, éduqués à Québec, et servant chacun dans la même armée, le génie, se rencontraient sur les bords du Rhin sous des drapeaux ennemis.

Le cadre de cet ouvrage ne me permet pas de suivre M. George de Léry dans sa carrière militaire, mais je ne puis taire, pour édifier ceux qui se sont plu à accuser la noblesse canadienne de manque d’éducation, que ce Canadien-français, ayant émigré en Russie, lorsqu’il lui fallut déposer une épée devenue inutile à la cause royale de France, fut nommé précepteur et gouverneur de deux princes impériaux de Russie. Il fit l’éducation de ces princes, avec lesquels il parcourut presque toutes les cours d’Europe, où il reçut des marques d’estime de la plupart des souverains. J’en ai la preuve dans les lettres et correspondances que j’ai encore en ma possession, et qui sont trop nombreuses pour être citées ici.

On me pardonnera de clore ce chapitre par une anecdote que mon oncle l’honorable François Baby, dont j’ai déjà parlé, me racontait autrefois.

Un jeune homme arrivant de France peu d’années après la conquête, ouvrit à Québec une boutique de perruquier, et comme il se montra très habile dans son art, il devint bien vite le coiffeur à la mode. Après un séjour de quatre à cinq ans dans cette colonie, il disparut tout à coup avec une jeune femme qu’il avait épousée. Monsieur Baby était à Paris environ une