saises au péril éminent des tibias plus civilisés de tes voisins. Tu as, sans doute, oublié que non content de danser les cotillons français, admis chez tous les peuples policés, il fallut, pour te plaire, danser tes scotch reels (i) sur un air que notre joueur de violon apprit aussitôt par oreille : chose assez facile d’ailleurs. Il s’agissait simplement, en serrant les cordes du violon, d’imiter les miaulements que feraient des chats enfermés dans une poche, et que l’on tirerait par la queue.
— Allons, mauvais sujet, dit le capitaine à Jules, viens manger la soupe chez moi demain avec ton ami ; et faire en même temps ta paix avec la famille.
— C’est ce qui s’appelle parler cela, fit Jules !
— Voyez donc ce farceur, reprit Marcheterre !
Comme il était très tard, il fallut se séparer, après avoir bu à la santé du vieux marin et de son fils ; et leur avoir donné la part d’éloges qu’ils méritaient tous deux.
Les jeunes gens furent contraints de passer quelques jours à Saint-Thomas. La débâcle continuait ; les chemins étaient inondés ; le pont le plus proche, en supposant même qu’il n’eût pas été détruit, était à quelques lieues au sud-ouest du village, et la pluie tombait à torrents (j). Force leur fut d’attendre que la rivière, libre de glaces, leur permît de passer en bateau au pied des chutes. Ils partageaient leur temps entre la famille de Beaumont, leurs autres amis et le pauvre Dumais, qui fit une longue maladie chez le seigneur de Beaumont, celui-ci ne voulant jamais permettre qu’on le transportât chez lui avant une parfaite guérison. Le malade leur racontait ses combats contre les Anglais et contre leurs alliées