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LA SORTIE DU COLLÉGE

histoire. C’est toujours la même cathédrale par la structure, minus sa tour moderne, qui semble supplier les âmes charitables, soit de l’exhausser, soit de couper la tête à sa sœur géante, qui a l’air de la regarder sous cape, avec mépris, du haut de sa grandeur.

Le collége des Jésuites, métamorphosé maintenant en caserne, présentait bien le même aspect qu’aujourd’hui ; mais qu’est devenue l’église construite jadis à la place des halles actuelles ? Où est le bocage d’arbres séculaires, derrière ce temple, qui ornaient la cour maintenant si nue, si déserte, de cette maison consacrée à l’éducation de la jeunesse canadienne ? La hache et le temps, hélas ! ont fait leur œuvre de destruction. Aux joyeux ébats, aux saillies spirituelles des jeunes élèves, aux pas graves des professeurs, qui s’y promenaient pour se délasser d’études profondes, aux entretiens de haute philosophie, ont succédé le cliquetis des armes, les propos de corps-de-garde, souvent libres et saugrenus !

À la place du marché actuel, des boucheries très-basses, contenant, tout au plus, sept à huit étaux, occupaient une petite partie du terrain, entre la cathédrale et le collége. Entre ces boucheries et le collége coulait un ruisseau, qui, descendant de la rue Saint-Louis, passait au beau milieu de la rue de la Fabrique, traversait la rue Couillard et le jardin de l’Hôtel-Dieu, dans sa course vers la rivière Saint-Charles. Nos ancêtres avaient des goûts bucoliques très-prononcés !

Nous sommes à la fin d’avril ; le ruisseau est débordé, et des enfants s’amusent à détacher de ses bords de petits glaçons qui, diminuant toujours de