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NOTES DU CHAPITRE DOUZIÈME.

Le respectable vieillard, canadien de naissance, qui me racontait cette anecdote, était Louis Liénard Villemonble de Beaujeu, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, grand-père de mon gendre, l’honorable Saveuse de Beaujeu, membre actuel du Conseil Législatif.

Ce vaillant officier avait commandé avec honneur, sous le gouvernement français, à Michilimakinak et à la Louisiane. Il s’était distingué à la prise de l’Acadie, et ce fut lui qui réunit, en 1775, près de mille miliciens de sa seigneurie et des environs, avec lesquels le général Carleton partit de Montréal pour rencontrer Montgomery.

Son frère, Daniel Liénard de Beaujeu, paya de sa vie la victoire éclatante qu’il remporta en 1755, contre Braddock, à Monongahéla, où le général anglais fut tué en même temps que lui. Les deux généraux préludaient à la scène sanglante qui eut lieu, quatre ans plus tard, sur les plaines d’Abraham, où les deux commandants, Wolfe et Montcalm, périrent aussi sur le champ de bataille.

M. J. G. Shea, dans ses relations de la bataille de Monongahéla, et notre historien, M. Garneau, rapportent que Washington, qui, à la tête de ses miliciens, assura la retraite des Anglais échappés au massacre, écrivait : « Nous avons été battus, battus honteusement par une poignée de Français ! »

Le nom de Beaujeu me rappelle un autre Canadien de la même famille, qui a fait honneur à son pays, sur l’autre hémisphère.

L’abbé Louis Liénard de Beaujeu était frère des précédents. La famille de Beaujeu doit à l’obligeance du vénérable abbé Faillon, qui s’occupe, avec tant de succès, de nos annales canadiennes, la copie d’une lettre d’un supérieur de Saint-Sulpice, à Paris, au supérieur de la maison succursale à Montréal, qui contient le passage suivant : « J’ai le plaisir de vous annoncer qu’un jeune Canadien, l’abbé de Beaujeu, a remporté le prix d’une thèse de théologie sur tous ses concurrents français. » L’abbé de Beaujeu fut ensuite le confesseur ordinaire de l’infortuné Louis XVI.


CHAPITRE TREIZIÈME.


(a) Le Marigotte est un petit lac giboyeux, situé à environ un mille au sud du lac des Trois-Saumons : les anciens prétendaient que c’était l’œuvre des castors.

(b) Canaoua : nom de mépris que les anciens Canadiens donnaient aux sauvages.

(c) Le hibou, peu sociable de sa nature, pousse souvent des cris lamentables à la vue du feu qu’allument, la nuit, dans les bois, ceux qui fréquentent nos forêts canadiennes. On croirait que, dans leur fureur, ils vont se précipiter dans les flammes qu’ils touchent fréquemment de leurs ailes.