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CONCLUSION.

et non seulement d’en surveiller le défrichement, mais d’y travailler moi-même : vous savez que j’ai les bras bons ; et j’en ferai bien autant que les autres.

— Connu, fit Dumais.

— Il y a beaucoup de pauvres gens, continua Arché, qui seront trop heureux de trouver de l’ouvrage, surtout en leur donnant le plus haut salaire. Vous comprenez, Dumais, que je ne pourrai seul suffire à tout, et qu’il me faut une aide : que ferais-je d’ailleurs le soir, sous la tente et pendant le mauvais temps, sans un ami pour me tenir compagnie : c’est alors que le chagrin me tuerait.

— Partons dès demain, s’écria Dumais, et allons visiter les plus beaux lots, que je connais, au reste, déjà assez bien.

— Merci, dit Arché, en lui serrant la main. Mais qui prendra soin de votre ferme pendant vos fréquentes absences ?

— Soyez sans inquiétude là-dessus, monsieur : ma femme seule pourrait y suffire, quand bien même elle n’aurait pas son frère, vieux garçon, qui vit avec nous : jamais ma terre n’a souffert de mes absences. Que voulez-vous, c’est comme un mal, j’ai toujours, moi, préféré le mousquet à la charrue. Ma femme me tance de temps en temps à ce sujet, mais à la fin, nous n’en sommes pas pires amis.

— Savez-vous, dit Arché, que voilà sur le bord de la rivière, près de ce bosquet d’érables, le plus charmant site que je connaisse pour y construire une maison. La vôtre est vieille ; nous allons en bâtir une assez grande pour nous loger tous. Je me charge de ce coin, à condition que j’aurais le droit d’en occuper la moitié, ma vie durant ; et à ma mort,