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CONCLUSION.

— J’ai remarqué, mon frère, dit-il, tes accès de mélancolie, malgré tes efforts pour nous en cacher la cause. Tu es injuste envers nous, Arché, tu es injuste envers toi-même. Fort de ta conscience dans l’accomplissement de devoirs auxquels un soldat ne peut se soustraire, tu ne dois plus songer au passé. Tu as rendu, d’ailleurs, d’assez grands services à toute ma famille en leur sauvant une vie qu’elle devait perdre dans le naufrage de l’Auguste, pour être quitte envers elle ; c’est nous, au contraire, qui te devons une dette de reconnaissance que nous ne pourrons jamais acquitter. Il est bien naturel que, prévenus d’abord par les rapports de personnes que les désastres de 1759 avaient réduites à l’indigence, et qu’oubliant tes nobles qualités, des amis même comme nous, aigris par le malheur, aient ajouté foi à ces rapports envenimés ; mais tu sais qu’une simple explication a suffi pour dissiper ces impressions, et te rendre toute notre ancienne amitié. Si mon père t’a gardé rancune pendant longtemps, c’est qu’il est dans sa nature, une fois qu’il se croit offensé, de ne vouloir prêter l’oreille à aucune justification. Il t’a maintenant rendu toute sa tendresse ; nos pertes sont en grande partie réparées, et nous vivons plus tranquilles sous le gouvernement britannique que sous la domination française. Nos habitants, autres Cincinnatus, comme dit mon oncle Raoul, ont échangé le mousquet pour la charrue. Ils ouvrent de nouvelles terres, et dans peu d’années cette seigneurie sera d’un excellent rapport. La petite succession, que j’ai recueillie, aidant, nous serons bien vite aussi riches qu’avant la conquête. Ainsi, mon cher Arché, chasse ces noires vapeurs qui nous affligent, et reprends ta gaieté d’autrefois.