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LES ANCIENS CANADIENS.

à l’autre. Je t’assure qu’il n’est pas manchot, quand il s’agit d’offrir un coup à ses amis ; et encore moins, comme son défunt père, quand il faut l’avaler lui-même.

— Notre jeune maître, répondit José en mettant sous son bras droit l’assiette vide, pour serrer la main que lui présentait Arché, a toujours le petit mot pour rire ; mais M. de Locheill sait bien que s’il ne me restait qu’un verre d’eau-de-vie, je le lui offrirais de grand cœur, plutôt que de le boire moi-même. Quant à mon pauvre défunt père, c’était un homme rangé : tant de coups par jour et rien de plus. Je ne parle pas des noces et des festins : il savait vivre avec le monde, et faisait des petites échappées de temps en temps, le digne homme ! Tout ce que je puis dire, c’est qu’il ne recevait pas ses amis la bouteille sous la table.

Goldsmith, dans son petit chef-d’œuvre. “The Vicar of Wakefield”, fait dire au bon curé : I can’t say whether we had more wit amongst us than usual : but I am certain we had more laughing, which answered the end as well. « Je ne sais si nous eûmes plus d’esprit que de coutume, mais nous rîmes davantage : ce qui revient au même. » On peut en dire autant des convives à cette réunion où régna cette bonne gaieté française qui disparaît, hélas ! graduellement « dans ces jours dégénérés », comme dirait Homère.

— Mon cher voisin, dit M. d’Haberville au capitaine des Écors, si ta petite déconvenue avec le général Murray ne t’a pas coupé le sifflet pour toujours, donne le bon exemple en nous chantant une chanson.

— Mais, en effet, répliqua Arché, j’ai entendu dire