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DE LOCHEILL ET BLANCHE.

op-Zoom qui la chantait à mon défunt père. Il disait que ça chauffait dur, allez, et il en portait des marques ; il ne lui restait plus qu’un œil, et il avait tout le cuir emporté à partir du front jusqu’à la mâchoire ; mais comme toutes ces avaries étaient du côté gauche, il ajustait encore son fusil proprement du côté droit. Mais laissons-le se tirer d’affaire ; c’est un gaillard qui ne se mouchait pas d’un hareng, et je suis sans inquiétude pour lui. Voyons le troisième couplet qui est l’estèque (le dernier).

J’étrillons messieurs les Anglés, (bis)
Qu’avions voulu faire les mauvés. (bis)
Dame ! c’est qu’ils ont trouvé des drilles
Qu’avec eux ont porté l’étrille !

— Délicieux ! d’honneur, s’écria de Locheill : ces Anglais qui ont voulu faire les mauvais ! ces drilles qui ont porté l’étrille ! toujours adorable de naïveté ! Oui, continua-t-il, ces doux et paisibles Anglais qui s’avisent un jour de faire les mauvais pour se faire étriller à la peine ; moi qui croyais les Anglais toujours hargneux et méchants !… Charmants ! toujours charmant !

— Ah dame ! écoutez, capitaine, fit José, c’est la chanson qui dit cela ; moi je les ai toujours trouvés pas mal rustiques et bourrus vos Anglais ; pas toujours, non plus, aisés à étriller, comme notre guevalle Lubine, qui est parfois fantasque et de méchante humeur, quand on la frotte trop fort : témoin, la première bataille des plaines d’Abraham.

– Ce sont donc les Anglais qui ont porté l’étrille, dit Arché ?

José se contenta de montrer son moignon de bras, autour duquel il avait entortillé la lanière de son fouet, faute de mieux.