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LES ANCIENS CANADIENS.

Louis XIV, il a pensé attendre. Vous savez que je suis l’enfant gâté, pendant les vacances. »

– Cher Jules ! dit Blanche, il était pourtant bien triste lorsque vous et moi, Arché, nous le trouvâmes dans ce bosquet de sapins, où il s’était caché pour éviter le premier mouvement de colère de mon père, après son escapade.

— Il n’avait pourtant commis que des peccadilles, dit Arché en riant.

— Énumérons ses forfaits, reprit Blanche, en comptant sur ses doigts : premièrement, il avait enfreint les ordres de mon père en attelant à une voiture d’été une méchante bête de trois ans, ombrageuse et même indomptable à la voiture d’hiver, secondement, après une lutte formidable avec l’imprudent cocher, elle avait pris le mors de bride aux dents, et pour la première preuve de son émancipation, avait écrasé la vache de la veuve Maurice, notre voisine.

— Accident des plus heureux pour la dite veuve, répliqua Arché, car à la place du vieil animal qu’elle avait perdu, votre excellent père lui donna les deux plus belles génisses de sa métairie. Je ne puis me rappeler sans attendrissements, continua de Locheill, le désespoir de la pauvre femme quand elle sut qu’un passant officieux avait informé votre père de l’accident causé par son fils. Comment se fait-il que ce sont les personnes que Jules tourmente le plus qui lui sont le plus attachées. Par quel charme se fait-il chérir de tout le monde ! La veuve Maurice n’avait pourtant guère de trêve quand nous étions en vacances ; et elle pleurait toujours à chaudes larmes, quand elle faisait ses adieux à votre frère.

— La raison en est toute simple, dit Blanche, c’est