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DE LOCHEILL ET BLANCHE.

avec vous, ne paraissez pas y faire attention : laissons faire le temps.

Et il pressa cordialement la main de Locheill. Le lion était dompté.

— Comme il est probable, dit M. d’Haberville, que le calme va durer, renvoyez vos matelots, après que je leur aurait fait porter des rafraîchissements ; et si, par hasard, il s’élevait un vent favorable, je vous ferai transporter dans six heures à Québec, avec ma fameuse Lubine, si toutefois vos affaires vous empêchaient de nous donner autant de temps que nous serions heureux de vous posséder sous notre toit. C’est convenu, n’est-ce pas ?

Et passant amicalement son bras sous celui d’Arché, il s’achemina avec lui vers l’habitation.

— Maintenant, Arché, dit le capitaine, comment se fait-il que vous soyez chargé de ces lettres de mon fils, qui contiennent de bonnes nouvelles, comme vous venez de me le dire ?

— J’ai laissé Jules à Paris, répondit Arché, il y a sept semaines, après avoir passé un mois avec lui dans l’hôtel de son oncle, M. de Germain, qui n’a pas voulu me séparer de mon ami pendant mon séjour en France ; mais, comme il vous sera plus agréable d’apprendre ces bonnes nouvelles de sa main même, permettez-moi de ne pas en dire davantage.

Si de Locheill fut attristé en voyant ce que l’on appelait avant la conquête, le hameau d’Haberville, remplacé par trois ou quatre bâtisses à peu près semblables à celles des cultivateurs aisés, il fut néanmoins agréablement surpris de l’aspect riant du domaine. Ces bâtisses neuves et récemment blanchies à la chaux, ce jardin émaillé de fleurs, ces deux ver-